samedi 16 octobre 2010

DM1 : bonnes copies (suite)

Question 5 : Peut-on penser par soi-même (extrait d'une copie de TSB qui pose clairement le problème à partir de l'analyse du sujet) 


En premier lieu, il est nécessaire d’éclaircir le sens profond de la question. Pour commencer, « Peut-on », se réfère à la capacité ; donc l’homme est-il capable de penser ou non par lui-même ? Ce qui amène à une autre question : l’homme en a-t-il le droit ? Pour analyser précisément ces deux aspects de la question, commençons par définir le verbe « penser ». Il est vrai que ce mot est employé dans un langage courant, « je pense à », « je pense que »,et demeure important à tout raisonnement. Mais alors, qu’est ce que l’homme, ici désigné par le pronom « on » dans la question? L’homme appartient à un groupe, à une société ; peut-il alors penser par lui-même, indépendamment du groupe dans lequel il vit ? Peut-il penser de façon autonome ? 


Revenons au mot « penser ». Que signifie t-il ? Sa définition pourrait être : mener une réflexion intérieure afin d’aboutir à une réponse à une question, d’exprimer un avis, une opinion, une idée sur un thème, de formuler un jugement. Cela peut également signifier se souvenir lorsque que l’on dit « penser à » ou même garder à l’esprit. Le premier sens de la définition évoque « l’apport de quelque chose de nouveau », amène à adhérer ou à exercer un discernement critique sur des idées. Ce discernement critique s’exerce sur des idées « toute faite » que l’on a apprises à l’école par exemple, qu’on a lues, ce que Kant appelle « les préjugés ». Penser par soi-même serait alors de prendre du recul par rapport à une idée, de refuser de tout accepter, de soumettre à l’examen de sa propre critique des préjugés, des opinions dans une quête de vérité. Non que chaque homme la détienne, mais penser par soi-même c’est avant tout réfléchir, raisonner avant de prendre pour vrai ce que l’on nous dit, ne pas être influencé par les préjugés de la société.


Cependant, a-t-on seulement le droit de penser ? Pour Kant c’est plus qu’un droit, c’est « le devoir propre à chaque homme de penser par soi-même. » Notre société actuelle, de part la déclaration des droits de l’homme, nous confère entre autre, la liberté de penser. Celle-ci a sa place dans toute démocratie mais trouve des limites voire une interdiction dans les régimes totalitaires. Dans ce dernier cas, l’homme pense comme son régime pense ou sinon il entre en contradiction avec les lois fixées par son pays. Cependant, cette interdiction de liberté de penser ne rend pas pour autant l’homme dans l’incapacité de penser. L’homme a la capacité de se servir de son propre entendement sans toujours penser comme les autres, même s’il appartient à un groupe. 


Mais Kant différencie deux catégories d’hommes. Le mineur qui ne se sert pas de son entendement et le majeur dont la raison l’a poussé à sortir de cet état de minorité. Etre mineur, c’est se laisser guider par un tuteur aussi bien dans les actes quotidiens que dans les pensées, c’est déléguer ses responsabilités à des autorités. Au contraire, la majorité représente l’autonomie. Kant précise que l’homme nait mineur ce qui explique la mise sous tutelle au début de sa vie. Par la suite il peut soit s’émanciper, penser par lui-même, en toute autonomie et donc devenir majeur ou bien par paresse, par lâcheté continuer à se laisser guider. Kant explique que penser par soi-même est une tâche difficile, et qu’atteindre la majorité peut être difficile. Les tuteurs, les pouvoirs, les religions, les médias, les livres permettent de penser pour nous, alors pourquoi ferions-nous l’effort de penser par nous même ? Là est le véritable obstacle. Mais cet obstacle entraine-t-il l’incapacité totale de l’homme à penser par lui-même ? Selon Kant, la réponse est clairement non. Il existe des majeurs capables de se servir de leur propre entendement, de leur raison. Ils ont fait preuve de volonté, de courage pour sortir de leur minorité. Quoi de plus difficile de que de résister à la nature majoritaire de l’homme à rester mineur ? 


Si on suit l’avis de Kant, les hommes peuvent effectivement penser par eux-mêmes et il dit « il se trouvera toujours, y compris parmi les tuteurs attitrés du peuple, quelques individus pensant par eux-mêmes. » Cela se retrouve dans le progrès scientifique. Si un savant découvre une nouvelle molécule pour soigner une maladie, il n’a pu que penser par lui-même car rien n’avait été inventé avant lui, c’est exactement le raisonnement inverse des préjugés, laisser son propre entendement s’opérer afin de penser par soi-même.


L’homme possède un droit naturel qui est de penser par lui-même. Cependant il existe de nombreux obstacles à la pensée autonome et finalement très peu d’hommes réussissent un jour à penser par eux-mêmes.

1 commentaire:

  1. Un grand merci à l'élève de TSB qui a accepté de diffuser publiquement une partie de son devoir ! (note de la copie dans son intégralité : 16/20).

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