dimanche 10 octobre 2010

DM1 : bonnes copies

Une bonne copie (TSB) :


                                           DM Philosophie no.1
   1
    
 Les Lumières sont un mouvement philosophique du 18ème siècle. Il lutte contre l'obscurantisme et prône la raison. Kant est l'un des plus importants de ces philosophes. Selon lui, la philosophie des Lumières consiste à la sortie de l'Homme de sa minorité, c'est à dire de ses préjugés et de ses superstitions. C'est de cette manière qu'il est possible d'accéder à la majorité ( exercice critique de la raison en étant pensant librement ) en exerçant un examen critique de toutes choses et ce dans tous les domaines. On n'entend évidemment pas les mots «  minorité » et « majorité » dans leur sens légal actuel, mais dans la maturité intellectuelle d'une personne. Il s'agit de s'émanciper de toute autorité extérieure et de décider par soi-même de sa manière de vivre. L'Homme doit utiliser sa raison ( son entendement ) et ne plus se faire guider. Pour cela, il doit surmonter sa paresse et sa lâcheté. En effet, se laisser aller dans la minorité est une solution de facilité, ne plus se laisser guider par d'autres impliquant risques et efforts que tous ne sont pas prêts à entreprendre.

 Kant nous dit entre autre que l'Homme est responsable de sa minorité. Il dépend ainsi de nous et non pas des autres de nous émanciper et d'accéder à la majorité. Majorité possible grâce au courage et à l'éducation. L'Homme doit comprendre qu'on peut juger par soi même : ceci serait la liberté véritable. Pour accéder à la majorité, l'Homme des Lumières doit conquérir son autonomie intellectuelle par la raison en se libérant des tutelles politico-religieuses ( possédant une unique vérité ), celles-ci ne cherchant qu'à l'entraver dans sa quête de la vérité afin d'affirmer leur domination. Il pourra alors revendiquer son indépendance morale et se donner ses propres règles.

 Par ailleurs, Kant affirme qu'il est dans notre nature de désirer la Majorité, que  nous sommes tous appelés à penser par nous -même. Mais cela fait si longtemps que les Hommes sont enchainés par des dirigeants qu'ils en ont été dénaturés, considérant leur minorité comme acceptable ou ne prenant tout simplement pas conscience de leur condition. Accéder aux Lumières, ce n'est pas avoir une réflexion passive et influençable, mais avoir une raison active.

 Les obstacles majeurs à cette Majorité viennent de nous même, il dépend de notre propre volonté de nous en sortir. Ce qui ne suffit pas toujours, l'Homme étant immergé dans la minorité ne sait souvent plus utiliser sa raison sans rencontrer d'abord de cuisants échecs, qui minent sa résolution.

 Pour Kant, Les lumières sont donc la conquête de la liberté de jugement, la libération des dogmes et autres préceptes réducteurs ainsi que l'usage de la raison. Ce ne serait qu'alors que l'Homme accéderait à la majorité et serait véritablement libre, en pensant toujours par lui-même.

2

 Penser librement, c'est penser par soi-même. C'est à dire sans préjugés, avec une raison non-passive en étant libéré des superstitions ( et ne pas être guidé par d'autres citoyens ). Il faut également ne pas juger subjectivement et garder l'esprit ouvert afin de penser à la place d' un autre. Ce qui est d'ailleurs difficile car il est naturel chez l'Homme de rejeter les différences. Kant nous dit que la raison ne doit entre autre souffrir d'aucune loi autre que la sienne. Il s'agit donc de penser d'un point de vue universel, par soi-même et de façon cohérente.

 La libre pensée implique également la liberté d'expression et permet donc à tout Homme d'exercer un usage public de sa raison lorsqu'il le pense nécessaire.

 Dans ce texte, Kant nous donne trois obstacles essentiels à la libre pensée. Le premier d'entre eux est ce qu'il appelle la contrainte civile. C'est à dire que lorsqu'un état ( totalitaire, par exemple ) interdit la liberté d'expression, tous les Hommes se retrouvent alors isolés dans leurs propres pensées, bornées et subjectives. Aucun d'entre eux ne pouvant se questionner sur la validité de ses réflexions avec d'autres. Cet état empêcherait ainsi toute construction, communication, et donc diffusion de pensées et d'idées. On ne serait alors plus libre de penser mais plutôt prisonnier de ses propres limites.
                      
 Kant évoque également la contrainte sur la conscience. Il vise ici principalement les autorités religieuses qui imposent leur tutelle et leurs vérités sans justification ou arguments, encourageant le développement des superstitions et de l'ignorance. Ceci bien sur par l'usage de la crainte et l'enseignement dès le plus jeune age aux Hommes de croyances obscures qui les empêchent, par peur, de conquérir leur autonomie intellectuelle.

 La dernière contrainte majeure citée par Kant est celle d'un usage sans loi de la raison. Certains d'entre nous, poussés par l'orgueil, pourraient désirer de ne donner aucune lois à leur usage de la raison, oubliant par la-même la nature fondamentale de la raison : la logique, qui est un ensemble de principes et de règles à appliquer rigoureusement pour aboutir à une démonstration. De plus, Kant dit que sans sa propre loi, la raison «  s'incline sous le joug des lois qu'un autre lui donne »
( texte 3 ), ce qui met en valeur le fait que, parfois sans même le savoir, le raisonnement de ces Hommes serait influencé par leur personnalité ( et autres influences personnelles et subjectives ) ou par de nouveaux tuteurs, peut être plus insidieux dans leur manière de procéder. On constate donc que la logique est la seule règle capable de rendre notre pensée libre et autonome.

3
 Penser par soi-même, c'est avoir une raison active, ne pas se laisser guider par d'autres et céder à la passivité intellectuelle en se laissant envahir par superstitions et préjugés. C'est pouvoir se servir de son entendement  sans tutelle, quelle qu'elle soit.
Penser en commun avec d'autres, en revanche, ne signifie pas obligatoirement avoir une pensée calquée sur d'autres, mais aussi échanger, communiquer, voire débattre  de nos pensées avec celles d'autres Majeurs.

 On peut par conséquent penser par soi-même tout en pensant en commun avec d'autres, en s'enrichissant d'autres réflexions pour éventuellement étayer les siennes. Sans partager avec d'autres, nos pensées restent tout de même subjectives, non développées et influencées par notre personnalité. Celles-ci seraient par conséquent tronquées et dangereuses. On ne se rendrait même pas compte de ce phénomène, persuadés d'avoir une pensée « pure » de toute influence. Ce qui ne correspond plus à l'usage de la raison.

 C'est donc à plusieurs que l'on peut constituer une pensée viable, dénuée de toute subjectivité. Ensemble, on peut se questionner mutuellement et penser avec d'autres personnes. Kant nous dit que penser par soi-même, c'est toujours chercher la vérité à l'aide de la raison, et quel meilleur moyen de chercher celle-ci que de confronter plusieurs pensées ?

4
 Dans ce texte, Kant distingue deux usages de la raison : l'un public et l'autre privé.
Il définit l'usage public de la raison par la liberté totale de l'examen critique par un savant, diffusant des connaissances ou des débats ayant une vocation universelle, destinés à tous, au monde. C'est l'usage de la raison dans sa liberté la plus totale.

 L'usage privé de la raison, au contraire, ne peut être complètement libre car la raison est ici soumise à certaines circonstances. Elle est uniquement diffusée dans un cadre privé ( cercle familial, professionnel ou simplement soi-même ).
Kant prend pour exemple dans ce texte un prêtre qui a pour charge d'enseigner les préceptes religieux à ses paroissiens. Celui-ci se doit de donner ces connaissances  mais a également la possibilité de faire part à son audience  de ses critiques éventuelles envers certains dogmes. Cette audience étant restreinte et non-universelle, cet homme ferait un usage privé de la raison et ne serait pas vraiment libre, car dépendant de l'Eglise et de ses fidèles. Cependant, Kant affirme que, si un jour il devait diffusé certains préceptes en contradiction avec lui-même, ce prêtre devrait cesser d'exercer, ne respectant pas sa raison.

 Ainsi, l'usage privé de la raison est certes moins libre que le public, mais n'empêche pas nécessairement le développement de l'autonomie intellectuelle. On est toujours libre de critiquer et de raisonner tant que cela n'affecte pas le rouage de la société. Un homme doit parfois obéir, mais a le droit d'exprimer ses critiques. Voilà en quoi cette distinction peut permettre de résoudre le problème de la liberté d'expression.

5
 Ces différents textes de Kant nous amènent à la question suivante : Peut on penser par soi-même ? Avant de tenter de développer ce sujet, il faut avant tout définir ce qu'est penser par soi-même. C'est faire usage de sa raison et être émancipé des tutelles extérieures. Il est également nécessaire d'être affranchi de toutes sortes de préjugés et croyances obscures. Nous verrons dans un premier temps les conditions amenant à la possibilité d'une libre pensée, puis à ses obstacles avant de nous intéresser aux moyens d'une éventuelle libération.

 Penser par soi-même est une action qui dépend de nous, il est de notre propre responsabilité de nous dégager de notre paresse et passivité intellectuelle. C'est donc une notion personnelle et individuelle. Voilà pourquoi il faut d'abord prendre conscience de notre propre rôle dans notre éventuel assujettissement. Car ne pas penser librement est être esclave, d'autres ( de tuteurs, de dirigeants ) ou de  soi-même . De soi-même car notre pensée peut se trouver restreinte par des préjugés ou par un orgueil étouffant toute logique.

 Une fois que l'on a pris conscience de ces facteurs, on doit alors se montrer suffisamment courageux pour s'extirper de cette solution de facilité qui est de se faire guider par d'autres. Il faut également se montrer résolu car l'accès à la Majorité ne se fera pas sans efforts et échecs multiples. Kant pense que c'est d'ailleurs la raison pour laquelle si peu de gens arrivent à quitter la minorité.

S'ajoutant à ces difficultés, de nombreux obstacles peuvent rendre encore plus complexe le fait de penser par soi même. Ainsi, certains états peuvent abolir la liberté  d'expression, entrainant un manque de diffusion et de communications de pensées et peut être même un repli sur soi-même. L'exemple idéal est la Chine actuelle qui restreint l'utilisation de certains médias par sa population. Ce qui peut s'avérer dangereux, des idées que nous croyons objectives et fiables peuvent être influencées par notre propre subjectivité à notre insu. On peut donc présumer qu'on ne peut vraiment penser par soi-même véritablement seul, nous avons besoin de dialogue pour y parvenir.

Plus insidieuse est la contrainte s'exerçant sur la conscience. Kant dit dans ces textes que les religions peuvent asseoir leur domination intellectuelle sur leurs fidèles en leur inspirant la crainte ou des croyances abêtissantes. On peut observer ce phénomène dans certains cas extrêmes tels que des suicides collectifs orchestrés par des sectes. Certains dogmes apparaissent comme dangereux à la libre pensée.

Il existe également un obstacle venant de nous-même. Nous pouvons ainsi prétendre, par orgueil, ne pas avoir besoin ( ou ne pas vouloir ) de règles pour notre usage de la raison. Or, ceci est probablement une des meilleures manières de livrer notre entendement à la subjectivité, sans lois rigoureuses pour contrôler notre réflexion. Penser par soi-même exige une seule règle : la logique, afin de certes penser par soi-même, mais aussi penser de façon cohérente et construite.

On peut alors se demander s'il est possible de se libérer de ces diverses contraintes.
Une nouvelle fois, il faudrait prendre conscience, cette fois-ci non de sa propre responsabilité, mais de celle de notre éducation et de notre culture. En effet, nous avons tous été en quelque sorte formatés et modelés par des préjugés que l'on nous a inculqués dès la petite enfance.

 Il arrive que l'on croit penser par soi-même alors que l'on suit des opinions déjà répandues dans notre société. Ceci n'est pas penser librement : une pensée libre résulte d'un examen critique et d'une réflexion dénuée de toute tutelle, préjugés et superstitions.

Mais dans la mesure où nous sommes tous des produits de notre culture, sommes nous capable, tout simplement, de nous en affranchir pour l'usage raisonnable de la raison ? Nous avons tous et nous subissons toujours tous des influences extérieures tels que la famille, les amis, les médias. Tous ces facteurs extérieurs empêchent de penser véritablement librement. Pourtant, on peut imaginer que le seul fait de le savoir permet de  repérer ces préjugés, de les écarter et de pouvoir alors pratiquer un jugement objectif.

La pratique d'un usage systématique de l'examen critique et la lutte permanente contre nos préjugés semblent pouvoir permettre de passer les influences externes et internes au filtre de la raison.

On se rend compte donc que penser par soi-même ne peut être que le résultat d'un parcours long et difficile, où il faut faire preuve d'autant de courage que de volonté.
Il faut de plus s'émanciper de toute tutelle et de toute superstition et tenter d'épurer les préjugés qui font pourtant partie intégrante de nous-même. Alors seulement on serait capable de penser librement, objectivement et sans influence. Pourtant, si ces préjugés nous sont instruits dès l'enfance, certains d'entre eux échapperont forcément à cette « épuration ». Il paraît extrêmement complexe ( et prétentieux ) de réaliser le contraire. Complexe voire impossible. Comment éradiquer certaines choses inscrites au plus profond de nous-même  ?

Penser entièrement par soi-même est une chose que l'on ne peut complètement acquérir. Mais il est réalisable de s'en approcher le plus possible afin de conquérir son autonomie intellectuelle et d'accéder à la Majorité.






                                                               
                                           

2 commentaires:

  1. Copie ayant obtenue la note de 18/20.

    RépondreSupprimer
  2. Un grand merci à l'élève de TSB qui a bien voulu faire profiter tous les élèves de son travail !

    RépondreSupprimer